5 règles pour ne pas confondre une innovation alias « bidaa »

BidaaSunnaJ’ai été interpelé par certains d’entre vous ainsi que des jeunes dans la mosquée sur la question de l’innovation – bidaa, en arabe. Et j’ai constaté que de plus en plus de jeunes étaient tracassés par cette question, autant ceux qui « bidaïsent » (traitent d’innovation) toute chose nouvelle, autant ceux qui se trouvent «bidaïsés » (traités d’innovateurs). Et j’ai eu un échange avec une sœur sur le net concernant la fête des mères qu’elle considérait « bidaa ». Aussi, je me suis penché sur cette question et j’essaie de vous décortiquer la chose afin d’éclaircir le tableau pour tous.


Je vais partir du hadith de Aïsha (qu’Allah agrée) qui est un hadith authentique, rapporté par Boukhari et Muslim, dont la teneur est : « Le prophète Mohammad (PSL) a dit : « Celui qui innove dans notre religion, une chose qui n’en fait pas partie est rejetée. » et dans une autre version de Muslim : « Celui qui commet une action, qui ne se trouve pas dans notre religion, cette action est rejetée »

Si on comprend bien ce hadith, tout chose, qui n’est pas conforme à notre religion est une innovation, mais à quoi s’applique ce hadith ? A toute action ou uniquement  aux actes d’adoration qui sont fixés ?
Me basant sur un papier d’un cheikh Saoudien, nous allons caractériser tout ce qui ne peut être traité d’innovation. Donc, on ne peut traiter d’innovation ou bidaa :
1.    Tout acte cité dans un hadith authentique ou faible

Cela paraîtra bizarre à certains que des actes cités par des hadiths soient traités de bidaa, mais il faut savoir que certains musulmans font cela. Je donne l’exemple de lever les mains joints dans les douas.

Concernant, les hadiths faibles selon la classification des sciences du hadith, on les prend en compte aussi, pour les raisons suivantes :
1.    La forte probabilité de leur véracité dans un des sens supportés par le hadith
2.    Certains imams approuvent l’action à partir des hadiths  faibles
3.    Ces hadiths sont répertoriés dans les livres des savants avec leur chaîne de transmission.
4.    Le hadith faible est pris en compte dans l’Ijtihad et non dans les innovations

2.    Tout acte qui supporte un effort d’interprétation – Ijtihad – soit par une compréhension possible du texte soit par déduction.

3.    Tout acte qui a été rapporté fait par un ou plusieurs compagnons du Prophète (PSL), car ce sont les personnes les plus proches du Prophète (PSL) droits et véridiques, et leur compréhension est plus fidèle que la nôtre. Même si des compagnons divergent entre eux sur cet acte, tant que l’acte a été accompli par un compagnon, et que cet acte n’a jamais fait l’objet d’une qualification authentique comme étant en dehors de la religion, cet acte ne peux être qualifié de bidaa.

4.    Tout acte qui possède un fondement dans le Coran ou dans la sunna du prophète (PSL), ou dérivant d’eux, ou émanant d’eux, ou se conforme à leurs finalités, ne peut être qualifié de bidaa. Et nous avons plusieurs exemples : le hadith de l’homme qui inventa une façon de louer Allah après lever de l’inclinaison dans la prière (Roukou’) et le prophète (PSL) l’approuva et le félicita, ou encore l’habitude qu’avait instauré Bilal en faisant deux rakaates après les ablutions, ou encore la compilation du Coran ou la prière des tarawihs. Ces actes, malgré que ce sont des actes d’adoration, ne sont pas des bidaa car elles émanent du même esprit cité dans le Coran et dans la sunna du Prophète (PLS).

5.    Que l’acte ne soit pas un ajout à une adoration fixée par Dieu et par le Prophète (PSL). Exemple : ne pas rajouter de rakaates dans une prière en pensant faire plus comme l’histoire de la personne qui voulait se mettre en état de sacralité (ihram) pour le pèlerinage quelques kilomètres en amont de l’endroit fixé (miqate) pour gagner une plus grande récompense.

En résumé, une bidaa est tout acte d’adoration, ou d’ajout à une adoration fixée, qui n’a jamais été mis en pratique par un quelconque compagnon du prophète (PLS), et qui n’émane pas  du Coran et de la sunna ou de leurs finalités et qui ne trouve pas un aspect conforme dans une des interprétations possibles.
Et Notez bien, chose très importante, la bidaa ou innovation, ne concerne que les actes entrand dans la sphère des adorations – ibadates – et pas autre chose. Les aspects concernant les transactions ou l’intérêt commun ne peuvent être qualifiés d’innovation, telles les inventions, les occasions diverses, les fêtes nationales et autres tant que les gens ne les considèrent pas des adorations les rapprochant de Dieu.

Ainsi, mes frères et sœurs, qui ont pris l’habitude de traiter tout de bidaa et de voir l’Islam qu’à travers un petit trou de serrure qui empêche de voir l’étendue de sa beauté et la largesse de Dieu. Ne faisons pas de notre relation à Dieu – car au fond, la religion n’est que cela – un carcan d’interdits et de sentiments de frustration.
J’aime les paroles de Jaafar ibn Abi Talib, quand il devait décrire l’Islam au Négus, d’abyssinie, en cinq minutes et où sa tête et celles de ses amis étaient mis à prix, il dit : « L’Islam est venu de faire sortir de l’étroitesse de la vie à la largesse de la vie ici-bas et de l’au-delà. »

Quelques références :
–    Quarante hadiths Nawawis
–    Papier de Cheikh Tariq Al Houssayn

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